
Pascale Morinière | Léon XIV et la Doctrine Sociale de l'Eglise
En partenariat avec Les Associations Familiales Catholiques (AFC)
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Le pape Léon XIV est le premier religieux augustin à monter sur le trône de Pierre. Que signifie cette appartenance ? Quelle est la spiritualité des frères de Saint Augustin ? Décryptage.
Le pape Léon XIV, élu le 8 mai, est le premier membre de l’ordre de saint Augustin à devenir évêque de Rome depuis le XVe siècle. Un détail ? Pas vraiment. Son parcours dans cette famille spirituelle en dit long sur le ton qu’il pourrait donner à son pontificat.
Avant d’occuper de hautes fonctions à Rome et d’être élu pape, Robert Francis Prevost était un religieux augustin. Après son ordination en 1982, il a été missionnaire au Pérou, avant de devenir supérieur général de l’ordre pendant plus de dix ans.
Les papes issus d’un ordre religieux sont rares. Saint Jean-Paul II était dominicain, François était jésuite. Léon XIV, augustin, arrive avec l’empreinte d’une tradition fondée sur la vie communautaire, la recherche intérieure et l'amour de la vérité.
L’ordre des Augustins est profondément marqué par la pensée et la vie d’Augustin d’Hippone, l’un des grands pères de l’Église au IVe siècle. Sa devise “Un seul cœur et une seule âme tournés vers Dieu” résume bien l’esprit de cette famille religieuse.
Cette spiritualité repose sur plusieurs piliers : la vie fraternelle comme lieu de conversion, l’intériorité comme chemin vers Dieu, la quête de la vérité vécue dans la charité et une ouverture missionnaire attentive aux périphéries. Pour saint Augustin, Dieu n’est pas d’abord à chercher dans les discours, mais dans le cœur. Ce sont des convictions que l’on retrouve dans la manière de vivre des frères augustins : une vie simple, en communauté, marquée par la prière, le partage, la lecture des Écritures et l’engagement concret auprès des plus fragiles.
Le parcours du nouveau pape illustre cette manière d’être : après ses études, il part en mission au Pérou, où il s’investit dans la formation, la prédication, la direction spirituelle et la fondation d’une paroisse dans un quartier défavorisé. Il enseigne le droit canon, la morale et la théologie, tout en vivant au rythme d’une communauté religieuse.
Il devient ensuite prieur général de l’ordre à Rome, chargé d’animer cette famille présente sur les cinq continents. Cette expérience l’a formé à un leadership qui combine discernement, dialogue et sens de la collégialité. Un style qu’on retrouve déjà dans ses premiers mots comme pape. Il insiste sur la paix, la synodalité, l’ouverture et la communion.
Léon XIV n’arrive pas avec un programme révolutionnaire, mais avec une manière d’être qui pourrait faire évoluer les choses en profondeur : gouverner autrement, avec écoute, patience, et un sens profond de l’unité dans la diversité. L’ordre dont il vient n’est pas rigide, mais souple et attentif aux situations concrètes. Il pourrait donc incarner un pontificat de l’équilibre, entre fidélité à la tradition et accueil des défis contemporains.
Le choix même de son nom, Léon, évoque à la fois la force tranquille et la stabilité, dans la lignée du grand pape Léon le Grand. La figure d’Augustin, quant à elle, rappelle qu’on peut être à la fois intellectuel, spirituel, pasteur… et humble chercheur de Dieu.
En France, les Augustins ne sont pas très nombreux. On les trouve notamment à Paris, Bordeaux ou Toulouse. Ils animent des paroisses, des lieux de retraite, proposent des accompagnements spirituels, des formations bibliques, et participent activement au dialogue intellectuel et pastoral. Leur style est sobre, mais ancré dans la relation et l’écoute.
En mettant à la tête de l’Église un frère augustinien, les cardinaux ont peut-être voulu confier l’avenir à un homme de communion, enraciné dans une tradition qui valorise autant l’intelligence que la charité. À l’heure où l’Église est appelée à grandir en synodalité, à aller aux périphéries et à se recentrer sur l’essentiel, l’héritage d’Augustin d’Hippone pourrait se révéler une précieuse boussole.
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